[Edina] Ma libératrice

Les héros ont toujours des destins tragiques, des ennemis trop forts à affronter, un passé qui les poursuit, un avenir tout tracé, des parents décédés, et une prophétie qui les mentionne…

En bref, un héro n’a pas une existence extraordinaire par rapport aux autres, ils se ressemblent tous !

Et pourtant, une héroïne ne rentre pas dans ces critères : L’histoire d’Edina est bien différente de toutes celles que vous avez pu entendre jusque là. Accrochez-vous et écoutez bien, mes amis, elle va vous être contée.

Edina passa son enfance dans la région de Tanaris, près du port de Jentepression. Son enfance n’était donc pas ordinaire car elle le passait loin de Lune d’argent et des autres elfes de sang. C’était le choix de son père.
En effet, le jeune elfe avait déçu ses parents en voulant devenir démoniste, comme tout les jeunes elfes de sang choisissant cette voie d’ailleurs…
Mais cela n’avait pas empêché Caranthir de faire des combats épiques aux côtés d’autres elfes, d’être respecté et de se faire une petite fortune pour s’installer dans une luxueuse maison dans la ville des elfes de sang en aspirant à la stabilité de son travail d’enchanteur. Malheureusement, il ne put pas revenir auprès de sa femme qui attendait un enfant de lui dans sa ville natale : Lors de l’une de ses nombreuses aventures épiques au côté de ses démons, il rencontra la personne qui lui était destinée, la personne avec qui il voulait vivre jusqu’à la fin de ses jours, de cette rencontre naissait un véritable coup de foudre … Entre deux hommes…
C’est alors auprès de ses deux papas Caranthir et Thalek qu’Edina fut envoyée toute petite. Caranthir avait été déclaré mort au combat et c’était très bien ainsi. Il pouvait garantir à sa fille qu’elle serait libre de ses choix et qu’il serait toujours fier d’elle.
Otée de tout tabou en ce qui concerne les amours interdit et surtout la démonologie, elle eut une véritable passion pour les démons dès son plus jeune âge. Loin d’avoir peur des démons qu’invoquaient ses parents, ils étaient pour elle comme de véritables compagnons de jeux, des amis à part entière. Et souvent les deux hommes se disaient que ce n’était vraiment pas une fille ordinaire…

- Caranthir, dit Thalek pour la centième fois, fais attention, ta fille joue avec des machines à tuer quand même.
- Je sais, Edina devrait avoir des poupées, des trucs de filles, mais le seul jouet qu’elle garde constamment sur elle, c’est cette vieille peluche de dragon. Elle n’en veut pas d’autres, c’est pas de ma faute.
- Edina, viens ici ! Arrête de monter sur le dos de ce chasseur corrompu, il va te mordre !
- GA !
- Aussi têtue que son père… Conclu Thalek en souriant

D’années en années, Edina se montrait de plus en plus fascinée par les démons, allant parfois jusqu’à essayer de leur ressembler, elle n’avait qu’eux comme amis… En bref, elle était manifestement seule d’un point de vue d’elfe de sang et elle s’en contrefichait.

« Au moins, on saura dans quelle école l’envoyer, sa voie est toute choisie »

Mais c’est une nuit que tout changea, qu’elle fit sa première expérience de démoniste et ce, sans même s’en rendre compte. Souvent, Edina sortait de son parc afin de faire quelques escapades nocturnes comme beaucoup d’enfants de son âge.
Elle passait le plus discrètement possible devant la chambre de ses papas pour ensuite continuer dans le couloir de la maison familiale. Elle eut un petit sursaut de surprise quand elle tomba nez à nez avec deux yeux brillants et familiers de marcheur du vide. Pas effrayée mais plutôt honteuse de s’être fait prendre en pleine infraction, elle enleva son pouce de sa bouche et baissa ses yeux verts. Puis, c’est là, à ce moment, que ma vie bascula :
Edina, d’un geste innocent, me tendit sa peluche de dragon, certainement afin d’acheter mon silence auprès de mon Maître Caranthir, son père, sans savoir ce que signifiait vraiment ce geste pour un démon…
Je pris le précieux objet…
Ses pas de petites filles résonnèrent jusqu'à sa chambre où elle se recoucha sagement…
C’est là, à ce moment précis, que j’ai pris conscience de tout. Moi, Grak, le démon marcheur du vide, je venais enfin d’acquérir ma liberté !

Si un Maître, son enfant ou son parent, se sépare de l’objet le plus précieux qu’ils ont en leur possession et le donne à leur démon, cela entraîne obligatoirement sa libération. Je compris alors tout de la vie, je retrouvais cette sensation de conscience que je n’avais pas eu depuis peut être plusieurs milliers d’années … J’étais LIBRE !

Je regardais au travers de mes mains bleues et griffues, j’émis un son, je me déplaçais sans que personne ne m’en donne l’ordre, j’effectuais tout un tas d’actions librement comme pour me convaincre que cela n’était pas un rêve, mais ce n’en était pas un : les démons ne rêvent pas. Je me demandais alors après avoir suivit Caranthir dans toutes ses aventures, ce que je ferais maintenant. J’étais seul moi aussi, je ne pouvais pas décevoir mon ancien maître et j’étais surtout décemment redevable à Edina.

Edina…

La seule qui m’a toujours considérée comme un ami, sans préjugés, sans craintes. La seule qui me respectait vraiment au fond. Et il s’agissait d’un bébé elfe de sang trop jeune pour avoir conscience de ses actes…
Pour le moment, je décidais de faire comme si de rien était. Je pouvais sans problème réfléchir sur les ordres que l’on me donnait, avoir une conscience, une identité, mais pour ne pas créer de problème à Edina, j’obéissais.

Cependant le secret de ma libération fut trahi. Un jour, Edina jouait dans la mer chaude devant la maison de ses parents. Moi, d’un œil discret, je la surveillais. C’est alors que je les vis : Ils étaient deux, deux misérables crapules qui voulait s’en prendre à ma libératrice pour demander de l’or à ses pères.
Sans attendre d’ordres, je fonçais sur eux, les surprenant du même coup, les assomma d’un coup de poing de marcheur du vide bien placé, récupéra Edina qui voulut me remercier, mais …

- Edina ! Appela Thalek
- Oui papa ?
- Ca va bien ? Tu n’as rien ? Grak ! Viens ici !
Pour la première fois depuis longtemps, j’eu une drôle de sensation : l’appréhension. Je savais qu’il savait. Et je ne venais pas. Le lui désobéis pour la première fois de ma vie.
- Viens ici, c’est un ordre ! Surenchéri Caranthir
- Câlin Grak !

Sans résister aux petits yeux verts de ma protégée, je la pris dans mes bras et la serra contre moi, heureux de ressentir du soulagement et de l’amour. Je savais que les deux hommes nous regardait avec des yeux plus que surpris mais cela m’étais bien égal.
J'aurais pensé que devant le danger que représentait un démon libre, les pères d'Edina me renverraient ou me tueraient mais c'était sans compter sur la ferme opposition de la jeune elfe. De plus, le fait de lui avoir sauver la fille semblait être un acte qui excusait toutes ces années de liberté.

Plus tard, Edina dut partir pour l’école de haut soleil afin de commencer sa véritable formation de démoniste. J’étais libre, je pouvais aller où bon me semblait et je la suivrais. Évidement, je dus me faire passer pour son démon soumis afin de pouvoir entrer avec elle. Les autres élèves étaient très impressionnés par ma présence à ses côtés… s’ils savaient… s’ils savaient que je pouvais sans problème leur arracher la tête sans même en recevoir la permission.

Un élève, cependant, n’était pas comme les autres, enfin, autant pas comme les autres qu’Edina. C’était Ryudjinn, une personne très douée dans l’école de la destruction. Comme on pouvait s’y attendre, Edina et Ryudjinn devinrent presque rivaux et défendait leurs écoles préférée : Les démons ou la magie destructrice. J’avais peur qu’Edina ne se laisse emporter par son envie de lui prouver que les démons sont plus forts quand ils sont libre mais elle ne trahis pas mon secret, même si l’occasion se présentait très souvent. Je pouvais même parfois la sentir me demander de lui en coller une à ce petit prétentieux. Je devais avouer que moi-même, j’étais impressionné par son tallent. Edina était une excellente élève : elle avait su très tôt invoquer et commander son premier diablotin sans qu’il n’eut même l’idée de râler. Ryudjinn, quant à lui, avait appris a faire de puissantes attaques de l’ombre.

Malgré tout, elle et lui se rapprochait de jour en jour du pouvoir démoniaque, et de ses dangers.
Un jour, un évènement tragique survint. Edina et Ryudinn avaient, à force de méditations, succombé à leur soif de pouvoir démoniaque. Je reconnaissais ses yeux vides caractéristiques d’un corps sans âme quand on les sortait de la salle de méditation. L’enterrement des deux jeunes corps fut curieusement très bref. Considéré comme mort, Caranthir ne fut même pas prévenu du décès de sa propre fille. Pour ma part, il commençait une période de deuil. Je sais, Edina n’était pas vraiment mon Maître et je n’avais aucune obligation mais je me sentais obligée de veiller sur sa tombe jusqu’à ce que je sente son âme se fondre dans le néant à jamais. J’aurais, a cet instant, préféré être vidé de tout sentiment comme avant.

J'attendais alors, peu importait le temps que j'y passerais mais je devais veiller sur son âme jusqu'à ce qu'elle rejoigne le royaume des morts. Cependant, loin de disparaître, son âme et celle de son rival commencèrent à refaire surface, ils luttaient manifestement pour rejoindre leur corps. Et ce qui devait arriver arriva : Edina refit surface.

Les yeux jaunes brillants, des ongles saillants, des os apparents... Edina avait désormais rejoint la grande famille des morts vivants.

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